Salsa de Sylvie Godefroid, par Thierry-Marie Delaunois

"je ne suis pas morte. Je rumine donc je suis. Si je suis, j'existe. Les mots carencent mon corps qui paraît déconnecté de mes pensées. Fuis-je l'évidence ? La mort physique plane sur ce bocal dans lequel je donne l'impression de me perdre..." Angoisse. Sophie se perd-elle réellement ? Que lui est-il donc arrivé ?

Roman "d'exception d'une vraie romancière qui vous ensorcelle" (Pascal Vrebos), odyssée comateuse où virevoltent épiques et en une danse infernale délires, confidences, réflexions sur la peur, le manque, le doute, la culpabilité, "Salsa" de Sylvie Godefroid mérite le détour par son foisonnement en sensations très diversifiées générées par une situation hors norme, d'au-delà, celle que vit Sophie sur son lit d'hôpital, surprises et stupeur au rendez-vous, le coeur de poète de la romancière se devinant dans son phrasé à la fois pur, sensible, fleuri et impeccable utilisé à tous les temps... de l'apnée ? "Quand les organes se font la guerre dans ce tintamarre cérébral et que la promiscuité de la mort ramène à l'essentiel, l'écriture godefroidienne se fait scalpel baroque." (Pascal Vrebos)

Le coma de Sophie est-il irréversible ? Est-elle condamnée ? Nous voyageons ici perpétuellement entre Amandine, Georges, Luis et Sophie elle-même, une singulière salsa composée par une auteure-compositeure habitée autant par la poésie et le théâtre que le roman, en prélude de l'oeuvre deux citations dont l'une de Victor Hugo : "Nous ne voyons jamais qu'un seul côté des choses." En quoi celle-ci s'applique-t-elle éventuellement à notre récit ? Au lecteur de le découvrir, l'intrigue de cette plongée ne pouvant être dévoilée, même en filigranes, sous peine de saborder le tout... car tout se tient, en fait, en un ensemble cohérent. Une fuite serait irréparable.

La mémoire de Sophie danse-t-elle la salsa tel un "perpetuum mobile" ? Trouvera-t-elle un jour une fin ? "...mais elle n'a pas encore sorti sa faucille. La preuve, mon éponge cérébrale cogite ! Au premier coup d'oeil, je ressemble à un maelström préparé à engloutir l'indifférence..." Sophie appelle mais personne ne l'entend. Vraiment personne ? "Salsa", un roman naviguant entre exaltations et détresse, publié aux Editions Mousse de lait... pardon ! Le Scalde !