Extraits de "Y croire..." de Thierry-Marie Delaunois
EXTRAIT I
"26 juin 2009,le premier jour, le grain de folie...
Son coeur s’est arrêté. Usé prématurément, disait-on. Son médecin personnel était présent mais il n’a pas pu le sauver. Il n’avait que cinquante ans, l’artiste, et une vague de stupeur a aussitôt déferlé aux quatre coins de la planète tant il était connu, admiré et apprécié dans maints milieux. Ni noir ni blanc au fond de l’âme, le coeur sur la main, d’une sensibilité à fleur de peau, parfois exacerbée. Le choc passé, les larmes ont coulé. Toutes recueillies, elles auraient pu former un lac dont la source aurait mis du temps à se tarir.
Il préparait une série de concerts à Londres, son retour suscitait de multiples rumeurs sur son état de santé mais il travaillait extrêmement dur pour se remettre en forme. On le savait. Il n’a pas tenu. Michael Jackson, le roi de la pop et star interplanétaire, s’est bel et bien retiré, pas vraiment sur la pointe des pieds.
La tristesse et le désespoir d’une part, de l’exaltation et une certaine allégresse d’autre part. Des sentiments contradictoires habitaient Romain. Fan de Michael, il venait d’apprendre son décès. Non! Il n’y croyait pas! Le speaker était-il fiable? Et pourtant...
La radio était allumée; le choc passé, il tendit l’oreille. La confirmation vint ensuite: une porte grinça; des pas, pesants, se firent entendre; suivit le crescendo, puis les cinq notes les plus caractéristiques de son premier grand tube.
Michael Jackson. "Thriller". Il n’y avait plus aucun doute.
Romain connaissait bien ce morceau; galvanisé, il commença à marteler le sol. Très jeune, il avait appris ces pas qui ont fait le succès de l’artiste. Comme tétanisé, il se mit à danser dans la salle à manger de l’appartement, indifférent à tout ce qui l’entourait. Bientôt, il se retrouva dans la peau de son idole, fredonnant les paroles qu’il connaissait également. Déchaîné, Romain tournoya brusquement, entra en collision avec son beau-père.
- Oh! Ca va, la tête? fit celui-ci, un peu sonné, le pied écrasé.
- Euh...oui! Désolé! C’est...la faute de Michael!
- Tiens donc! Comme par hasard! Allons! Est-il...vraiment en cause? interrogea le beau-père occupé à se tâter le genou.
- Cause..." this is thriller, thriller night and no one’s gonna save you from the beast about to strike" chantonna Romain, les yeux baissés.
- Ah! Au moins, ce n’est pas moi la...bête, mais tu mérites une correction.
Il le vit alors lever une main, lança soudain: "Si tu me gifles, je porterai plainte auprès de la police et, comme tu es ici chez moi, je te foutrai dehors, toi et Yves, si tu me fais des misères."
La main resta suspendue, comme figée, et Romain en profita pour s’éloigner un peu.
Un mètre soixante-seize de présence, une sveltesse qui attire les regards, une chevelure d’un brun acajou, des yeux aussi verts que le gazon de la voisine, un minuscule grain de beauté en forme de sourire sur la joue droite, Romain Pasteur, vingt-trois printemps, a tout pour plaire mais son aura en a pris un sacré coup: la vie, son lot de facéties et sa multitude d’aberrations, elle lui est passée dessus à la manière d’un rouleau-compresseur mais, après avoir plié, il s’est redressé, tel un roseau. Son accordéon, son pote Bernie, son chapeau de paille, la beauté qui fréquente la bibliothèque, son intérêt pour une certaine gamme de faits divers, son envie d’écrire un roman décapant dont le cadre serait Bruxelles, tout cela le..."
LA SUITE? PLONGEZ DANS LE ROMAN!