Littérature policière: le coupable est-il un proche? Par Thierry-Marie Delaunois
Littérature policière: le coupable est-il un proche? Par Thierry-Marie Delaunois
Ah! La littérature policière si foisonnante! Et riche en rebondissements et coups de théâtre! A l'origine - et encore! -, bon nombre de romans et suspenses mettaient en scène soit un serial killer surgi du néant, soit un criminel potentiel parcourant villes et campagnes, inconnu ou étranger aux familles devenues ses victimes, de pauvres familles... Inquiétude, anxiété, angoisse: à qui le tour de crever sans vergogne et dans quel délai?
Mystère, et la littérature regorge d'exemples, le cinéma s'inspirant souvent de celle-ci. Le lecteur ou spectateur était pris à la gorge, façon de parler: où allait-il frapper? Il ou elle. Puis, progressivement, insidieusement, est apparu le criminel proche: le coupable, le salopard, était le frère - atroce! -, la soeur - affreux!-, l'oncle - c'est pas vrai!-, le bon copain - non! Pas toi! -, celui ou celle que l'on ne soupçonne pas ou si peu, ce qui faisait monter la tension. Qui? Qui avait fait le coup? Probablement, non, sûrement un proche, quelqu'un à qui l'on ne pense pas et le lecteur, scotché, se mettait à chercher dans l'entourage de la pauvre victime qui était l'assassin, le diable quoi!
Pour les romanciers et les scénaristes, c'était à qui se montrerait le plus astucieux, le plus saisissant question intrigue mais, à la longue, le lecteur, de moins en moins dupe, commençait à deviner, trouver avant le terme du périple. Comment alors brouiller les pistes? Nous faire prendre des vessies pour des lanternes? La solution était simple: alors que nous cherchions dans l'entourage, le coupable redevenait un individu de passage, inconnu, étranger à la famille du défunt (RIP au passage). Des exemples, ici aussi il en existe, en littérature comme au cinéma, le spectateur l'avait dans le baba, l'oeuvre devenant finalement un succès, un best-seller pour la qualité de son scénario. Mais, à nouveau, suivant les tendances du moment, le lecteur, à l'affût, se montrait malin, déjouant les pièges, les chausse-trappes: l'assassin n'était pas un proche! Puis, progressivement, insidieusement,... le cercle sans fin!
Actuellement, tout se mêle, un véritable fatras: romans et thrillers regorgent de suspects depuis l'inconnu de passage jusqu'au proche en passant par le jardinier, le coursier, le majordome, autant de réussites littéraires et cinématographiques. Le genre policier n'est donc pas prêt de s'éteindre, l'originalité faisant recette, preuve: les Harlan Coben notamment. Gageons qu'apparaîtront encore sur le marché du sang quelques précieuses perles débordant d'hémoglobine, l'imagination au pouvoir, limites repoussées, neurones en action de tous côtés.
Et le détective assassin, ça aussi, cela s'est déjà vu et, parfois, on le sait dès le départ. Le lecteur, pas l'enquêteur, ce qui ajoute du piment ou du piquant à l'histoire. Mais, si ce n'est pas le cas ou si on ne le sait pas dès le début... le coupable serait-il un proche?