Un si beau soleil pour mourir, de James Patterson, par Thierry-Marie Delaunois
Un si beau soleil pour mourir, de James Patterson, par Thierry-Marie Delaunois
"Chaque fois qu'elle arrive sur une scène de crime avec un cadavre, son esprit concocte les gros titres du journal. La Une de la presse locale. Elle ne peut pas s'en empêcher; c'est un réflexe mental. Un réflexe bizarre, elle l'a toujours pensé. Ce qui explique sans doute qu'elle n'en ait jamais parlé à personne. Encore une centaine de mètres et le chemin s'arrête au bord de l'eau, devant une de ces criques arrondies - les larmes- que lui a décrite Knoll. La crique est bordée d'une épaisse broussaille qui masque presque entièrement l'autre partie du lac. John O'Hara avait sa petite mare poissonneuse pour lui tout seul. Jusqu'à ce qu'il ne fut plus tout seul..." Parle-t-on ici de John O'Hara ex-agent du FBI qui s'est vu confier l'enquête sur le meurtre d'un jeune couple assassiné dans leur élégante suite d'hôtel des Caraïbes? Ce John aurait-il été à son tour victime de celui que l'on surnomme le tueur de la lune de miel car il était sur le point de le ferrer? Que pourrait bien découvrir l'agent spécial Sarah Brubaker sur cette scène de crime?
Suspense presque impossible à lâcher - d'après Publishers Weekly - d'un routinier du pur thriller parmi les plus lus au monde né en 1947, roman au prologue soutenu, semé de mutiples cadavres, "Un si beau soleil pour mourir ("Second honeymoon") de James Patterson est d'une écriture vivante, fluide, d'une lecture aisée émaillée de dialogues ping pong, le récit nous confrontant à deux tueurs insaisissables, le premier traqué par John, le second par Sarah, dont la particularité est de n'assassiner...que des John O'Hara! Pure coïncidence? Les routes de John et de Sarah finiront-elles par se croiser? Rebondissements et coups de théâtre nous tiennent en haleine; nous scrutons les indices ainsi que toutes les pistes possibles et imaginables, accompagnant John dans son quotidien relativement désastreux d'une part, Sarah dans sa détermination à mettre fin à cette macabre série d'autre part. L'union fera-t-elle leur force?
Divisé en cinq parties - L'étrange affaire des O'Hara, Un nom qui en dit long, Premier rendez-vous, Devant témoins et Le goût amer de la vengeance -, "Un si beau soleil pour mourir" est d'une construction habile comme tout bon suspense, alternant temps forts et réflexions, les face-à-face foisonnant, parfois épiques, en un style enlevé. Que demander de plus? Et l'on s'y retrouve à tout moment: nous ne nous perdons pas en chemin, James Patterson n'ignorant point que plus règne la simplicité malgré deux énigmes conséquentes, plus l'intérêt persiste! Une attention continuelle jusqu'au dénouement final.
John et Sarah des super héros? Loin de là: ils ont tous deux leurs faiblesses, leurs fragilités, leurs démons mais malgré leurs affres respectives, ils persévérent chacun de leur côté dans un premier temps, l'objectif: serrer le coupable bien que souvent peu épargnés par les balles et les découvertes en tout genre: "...Son corps imposant est étendu par terre, bras et jambes écartés. Comme font les enfants pour imprimer leur silhouette dans la neige. Sauf qu'ici, le sang remplace la neige. Beaucoup, beaucoup de sang. On lui a tiré dans le torse et à bout portant dans le crâne. En gros, une copie exacte des photos examinées par Sarah lors de son premier briefing à Quantico. Le tueur est cohérent. Prévisible d'une façon perverse. Même nom de victime, même style d'exécution."
Et si ces deux affaires finissaient par se rejoindre pour n'en faire qu'une seule? Nous voyageons sans discontinuer avec nos deux enquêteurs d'un point à l'autre du pays, guettant également si entre ces deux-là pourrait naître quelque chose de plus personnel. D'intime. Quelle serait alors leur priorité? S'ils tiennent l'un à l'autre, ne serait-ce pas dangereux de vouloir aller jusqu'au bout? Se rapprocher du tueur des O'Hara surtout si c'est un malin pourrait s'avérer fatal... Stop ou encore? Le soleil sera-t-il toujours aussi beau pour John et Sarah nos héros? Et si finalement c'était pour mourir comme ces jeunes couples pour lesquels le jour ne se lèvera plus? Vous savez où se dissimule la réponse...