7 roman thierrybis

7 roman thierrybis

 

Une première lecture pour cette saison:

Au fil d'Isis... & Les trois épreuves d'Isis

deux recueils de textes mêlant prose et poésie !

 

 

Une deuxième lecture:

Raconte-moi Mozart...

un cinquième roman se déroulant au coeur des Alpes-de-Haute-Provence !

 

 

Une troisième lecture:

Auprès de ma blonde

Le sixième roman, un suspense psychologique !

 

 

Une quatrième lecture: son dernier roman !

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Un roman dans l'air du temps!

 

Charme, Légèreté, Humour et Convivialité sont les mots-clés de ce site.

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L'homme qui voyait à travers les visages, de EE. Schmitt, par Thierry-Marie Delaunois

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  "Je suis pris dans mon hallucination comme une guêpe dans la confiture. Pas moyen de m'en dépêtrer. Alors, consentir? Puisque je subis, ne devrais-je pas me soumettre? Ma défaite, ma résignation ne sont-elles pas les plus belles choses que je puisse offrir désormais? Je m'abandonne. Je cède au mystère en secouant la tête de droite à gauche. En récompense, la peur s'efface. Des myriades d'étoiles me frôlent. Je flotte vers un zénith ombreux..." Quelle expérience Augustin Trolliet tente-t-il là à l'aide d'un curieux liquide résineux, sombre, quasi phosphorescent que l'on nomme ayahuasca? Sa complice pour ce voyage planifié est déjà au sol, comme en état de transe. Quel genre de roman Eric-Emmanuel Schmitt - que l'on ne présente plus, n'est-ce pas? - nous a-t-il concocté?

  Oeuvre observatrice et même exploratrice des mystères spirituels nous proposant en son épicentre un entretien d'une haute teneur philosophique que seul un tel écrivain pouvait envisager avec tout l'originalité et l'audace qui lui sied, "L'Homme qui voyait à travers les visages" oscille en fait entre philosophie et suspense, jouant astucieusement sur les contrastes: nous suivons ici Augustin Trolliet, un jeune homme possédant un don assez particulier. Il voit et perçoit autour de chacun des êtres minuscules que l'on pourrait assimiler à des fantômes apparemment affectés à la garde du vivant ou survivant. A la garde? S'agit-il réellement de protecteurs, non d'inspirateurs douteux qui pourraient conditionner et même endoctriner le vivant jusqu'à l'entraîner à commettre l'un ou l'autre acte répréhensible? De nature destructrice?

  Autour d'Augustin gravitent de nombreux personnages peu piqués des vers: Philibert Pégard, l'irascible patron d'Augustin, directeur du journal "Demain"; Oum Kalsoum, l'étrange bonne et femme de ménage de la boîte, aux yeux d'éthylique; la singulière juge Poitrenot chargée de faire la lumière sur le sanglant attentat de la place Charles II; Méchin, le fidèle et insignifiant assistant de la juge; Momo Badawi, le frère cadet du terroriste; le ténébreux et viril commissaire de police Terletti, et un prolixe écrivain connu mondialement, dont le rôle dans cette aventure n'est point le moindre. Du beau monde? Les protagonistes de ce roman sont tels des atomes tournoyant autour d'un noyau, Augustin, en une ronde effrénée qui nous rappelle quelque peu la Symphonie Fantastique de Hector Berlioz.

  Au départ de notre intrigue? Augustin, stagiaire au journal, envoyé à la rue pour tenter d'y dégoter l'un ou l'autre reportage volontiers croustillant, se met à suivre subitement un inconnu au comportement douteux et, lorsqu'il débouche sur la place, il est soudain soufflé par une violente explosion qui le soulève et le fait planer un court instant avant d'atterrir rudement sur le sol. Un attentat en plein Charleroi en Belgique? L'auteur n'y va pas par quatre chemins, allant jusqu'à envoyer son héros aux portes de l'au-delà, à la rencontre de Dieu afin de pouvoir l'interviewer, une mission à haut risque: "...En son centre, j'aperçois un grand trou. Oum Kalsoum garde l'orifice, assise en tailleur, plus jeune, plus élégante. (...) Elle me sourit et, d'une main effilée, m'invite à entrer. Je m'introduis dans la fente. J'emprunte un couloir noir et vide puis me trouve en face d'une lumière. C'est un oeil. Un oeil immense. Qui occupe l'espace entier. L'oeil me regarde. L'oeil m'attend. Je tremble. Autour de moi: le néant. En face..." Qui? A qui appartient cet oeil lumineux qui embrase les ténèbres d'une chaleur apaisante? Qui a suggéré à Augustin d'effectuer un tel voyage aussi dangereux? La juge? L'écrivain? Augustin est-il réel en fait?

  Dans ce roman de Eric-Emmanuel Schmitt, nous apprenons que Djihad ne signifie pas "guerre sainte" mais "effort contre ses mauvais penchants", qu'il exprime une lutte intérieure, qu'aucun monothéisme ne se tient ni à l'abri de la sottise ni à l'abri de l'intelligence: l'Ancien Testament, le Nouveau Testament et même le Coran ont engendré équivoques, imbroglios, cafouillis et chaos. Irréversibilité? Inéluctabilité? Au lecteur inconditionnel de Schmitt de se faire une opinion sur cette profonde réflexion que nous propose l'écrivain également auteur pour le théâtre. L'Homme est-il responsable de tout ou le coupable est-il ce Dieu en lequel il croit? Concluons cette chronique avec un dernier extrait de l'oeuvre: "Au départ, je me félicitais du christianisme. Il me semblait que, par ce second livre, j'avais clairement exposé à quel point d'arbitraire, d'injustice, d'immoralité, d'ineptie, la violence pouvait mener. Sur la croix, je tuais la haine. En voyant mourir l'innocent, chaque individu apercevrait le résultat odieux de sa propre violence, imaginais-je..." N'est-ce point audacieux de prêter à Dieu de tels propos? Une investigation sur la violence et le sacré à découvrir, qui devrait nous conduire "à la rencontre dont nous rêvons tous"...

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