7 roman thierrybis

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Une première lecture pour cette saison:

Au fil d'Isis... & Les trois épreuves d'Isis

deux recueils de textes mêlant prose et poésie !

 

 

Une deuxième lecture:

Raconte-moi Mozart...

un cinquième roman se déroulant au coeur des Alpes-de-Haute-Provence !

 

 

Une troisième lecture:

Auprès de ma blonde

Le sixième roman, un suspense psychologique !

 

 

Une quatrième lecture: son dernier roman !

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Un roman dans l'air du temps!

 

Charme, Légèreté, Humour et Convivialité sont les mots-clés de ce site.

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Ce que je crois de Jacqueline de Romilly lu par Thierry-Marie Delaunois

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  "Tout le monde, aujourd'hui, parle de malaise: malaise des jeunes et malaise des adultes, malaise des arts et de la politique, malaise de la société - malaise, tout est malaise. Il est donc assez naturel de chercher où s'assurer, où de rassurer, et, si l'on connaît un remède, de le dire. Peut-être mes remèdes en valent-ils d'autres. Je ne les ai pas inventés, et je ne les offre pas comme originaux: ils représentent simplement le dépôt qu'a laissé en moi, jour après jour, une vie consacrée à la Grèce ancienne..."

  Début des années septante: crise universitaire, crise sociale, crise des valeurs, les esprits doutent. Lucide, consciente des mutations en cours et en devenir, Jacqueline de Romilly, philologue, écrivain, professeur et helléniste française, se jette dans l'écriture d'un essai, "Ce que je crois", en fait "Ce que l'expérience grecque peut nous aider à croire, en 1974". Sa foi dans l'homme, son esprit, sa liberté, son goût de la vérité, ses convictions. Appel à une nouvelle forme d'humanisme où cohabiteraient rationalisme et affectivité sereine, nourri des acquis du passé, son récit procure une décharge, voire l'électrochoc, conduit au sursaut: nous devons tous nous sentir acteur de notre propre histoire comme de l'aventure collective. Loin de toute polémique et empli de fougue, "Ce que je crois" nous propose quatre parties bien distinctes: la lumière chez les Grecs, leur émerveillement face à elle; le bonheur qu'offre la citoyenneté, plus précisément la solidarité entre citoyens; les joies et bienfaits qu'apporte la littérature; la transmission du passé, assise indispensable à l'enrichissement de la modernité. Lumière, bonheur, joies et nécessité du passé: les mots-clé de Jacqueline de Romilly nommée ambassadrice de l'hellénisme en 2000.

  1. Les Grecs et la lumière.

  "La joie de voir la lumière n'est pas facile, ni donnée, demande du recul, une sorte de retour à la candeur, qui ne s'acquiert pas sans peine dans une civilisation comme la nôtre". Jacqueline de Romilly privilégie également deux formes de douceur, de tendresse humaine: la gentillesse, la vraie, l'authentique, indispensable selon elle, et l'enseignement où confiance et patience sont primordiales. Apprendre et comprendre, avec cet effort constant de responsabilité et de liberté. "Notre liberté entière dépend de notre propre maîtrise, de cette victoire de l'esprit", et nos diverses formes de foi finalement se rejoignent en un certain sens. Et "l'on ne comprend rien si l'on ne cherche pas à tout comprendre". Le désir doit être rallumé en cette période d'intense mutation, de changement.

  2. Solidarité et communauté de biens.

  Thucydide: la charte du civisme, c'était il y a près de vingt-cinq siècles, pourtant... de Romilly nous présente deux exemples, de l'histoire récente, de réelle solidarité: la silencieuse de la seconde guerre, s'étant révélée riche et pleine, et le "nous" d'un petit Etat neuf mais en danger, nommé Israël. "On peut tout attendre de l'homme". La force du lien civique, pur de toute compromission, est la composante essentielle du bonheur tel qu'elle l'entend. Grave est la distance qui s'est forgée entre le citoyen et la gestion de la cité. L'homme et l'administration. La promotion des valeurs? Deux moyens d'y parvenir en fait, selon l'écrivain.

  Le premier: la loi ou la légalité, sa sauvegarde. "Dans tous les domaines la violence est haïssable." Le monde est devenu si étroit, les moyens de destruction effrayants, il faut s'éloigner de l'humanitarisme. Démosthène: La loi est la seule garantie des droits de chacun.

  Le second moyen: l'éducation, véritable clef de voûte. Réveiller le sens civique qui sert de fondement à la vie collective, cultiver certaines valeurs qui sont le mérite propre de la race humaine: le respect de la vie humaine, de la liberté, de la justice, par exemple. Vital, le sursaut, et l'éducation, ce n'est pas que l'enseignement. "On ne sauve pas les hommes malgré eux; mais on peut, sans difficulté majeure, les rendre capable de se sauver eux-mêmes. Je crois qu'il serait grand temps d'y songer."

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  3. Joies et bienfaits de la littérature, purgation des passions. (Aristote)

  "Car, s'il est une chose au monde en laquelle je crois, et sans réserve, c'est sans nul doute la littérature". Sa force, sa transparence, sa magie, la précision, la variété et la densité des mots, la clarté de l'expression, la littérature contribuant très largement à faire l'homme. L'écriture: seul garant de la précision intellectuelle, et l'art d'écrire existe toujours bien mais, avec la poussée de l'audiovisuel, c'est soudain la croisée des chemins: aidera-t-il l'écrit à son élargissement ou le détruira-t-il? La littérature sait dire tout ce que le langage peut dire, et bien plus encore, elle s'est glissée partout, parfois déformée, avec ses mythes, ses thèses, ses mots. Il n'est personne qui n'en soit imprégné. Soit! Qu'espérer surtout? "Qu'elle garde au sein même de l'engagement ce sens de l'humain et ce recul qui m'en paraissent le signe distinctif". Conclusion? "Je crois que tout ce qui est, tombe dans le néant s'il n'y a là quelqu'un - l'homme - pour en prendre conscience et lui donner une forme durable et communicable."

  4. Hier et demain, passé et avenir.

  Il faut prendre, en fait considérer le monde dans son ensemble, dans son évolution, tenir compte des différences entre peuples, des reculs, des obstacles religieux, économiques et autres - une évolution pratiquement irréversible -, rechercher les lignes continues englobant le plus grand nombre de faits, les ramener alors tous à un schéma unique. Notre monde, "un monde moins simple, moins rigoureusement ordonné...". "Moi, rétro? Réactionnaire ou tout simplement demeurée? Je ne puis accepter ce jugement." Le pouvoir d'action de la foi, des idées, de la poursuite d'un idéal? L'entretenir, le nourrir. "Nous subissons et nous faisons le cours de l'histoire, comme celui de nos propres vies. Je crois que l'on peut vivre dans un monde ouvert, et tirer parti de toute leçon du passé, soit pour s'en inspirer, soit pour en éviter les erreurs." Mais attention: il ne faut pas confondre évolution et crise qui est le triomphe provisoire du désordre avec disparition des valeurs, un sauve-qui-peut. Le culte du changement en tant que tel est un piège, mais ne pas vouloir changer serait une forme de suicide, et on ne crée pas à partir de rien. Le passé nous procure du recul, nous permettant de mieux embrasser le présent; la rencontre avec le passé grec nous aide, nous rassure, nous stimule, peut continuer le faire, foi de Jacqueline. Quittons cette inhérente léthargie qui nous empoisse.

  Sa conclusion? "Je crois donc en pas mal de choses". Entre hier et demain, les ponts ne peuvent jamais être rompus, coupés, car entre les deux, à la jonction, nourri de l'un et gros de l'autre, il y a aujourd'hui, cette invitation à mieux vivre. "Je crois, avant tout et toujours, en la vérité." Née en 1913, J. de Romilly a été investie de la nationalité grecque en 1995; décédée en 2010, elle fut membre de l'Académie française, être sensible, femme d'exception d'une grande ouverture d'esprit, Callas d'humanisme et d'humanité. "Ce que je crois" vous réveillera, vous menant à Y croire. Notons qu'elle s'est principalement signalée par son engagement en faveur de l'étude dans l'enseignement secondaire du grec et du latin.

  Mentionnons pour terminer quelques hellénistes très engagés du passé toujours bien "présents": Jean-Baptiste-Gaspard d'Ansse de Villoison, Friedrich August Wolf, Jean-Pierre Vernant (1914 - 2007) et Marcel Delaunois (1928-), philologue classique et professeur émérite des Facultés Universitaires St-Louis, Bruxelles, et de L'Université Catholique de Louvain, Belgique, auteur de nombreuses publications.

 

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